Rajeunir la population de la Basse-Côte-Nord du Québec en créant des emplois pour les jeunes
Ce récit a été publié initialement dans le rapport des jeunes de BioTalent Canada intitulé : Assurer la croissance de la bioéconomie : pleins feux sur les jeunes
Kristopher Fequet n’aurait jamais cru se trouver un emploi dans la Basse-Côte-Nord, son coin de pays, une fois son diplôme universitaire en poche. Toutefois, les efforts déployés afin de bâtir une bioéconomie locale, conjugués à une subvention salariale du programme Carrière débutante ont tracé la voie qui lui a permis de mettre à profit son diplôme là où il avait grandi, en plus de contribuer à la revitalisation de sa ville natale.
« Avec mon diplôme en génie chimique et en biochimie, je croyais que j’allais me retrouver dans le secteur des sables bitumineux, en Alberta. Jamais je n’aurais cru avoir une possibilité de travailler ici, chez moi », indique M. Fequet.
C’est un appel de Kimberly Buffitt, directrice des Opérations et de l’Innovation chez Coasters Association, vers la fin de son dernier semestre à l’Université d’Ottawa, qui a changé ses perspectives.
Mme Buffitt a offert à M. Fequet un emploi bien rémunéré en tant que gestionnaire de l’ingénierie et de la recherche et du développement à la nouvelle usine de transformation de bioproduits de la Basse-Côte-Nord, ainsi qu’un soutien financier supplémentaire pour qu’il puisse faire sa maîtrise pendant qu’il travaillait. On lui offrait la possibilité de faire ce qu’il aimait le plus : la conception de processus chimiques.
« C’était littéralement une offre que je ne pouvais pas refuser », indique M. Fequet.
La ténacité est récompensée
La Coasters Association a le mandat de renforcer la vitalité économique de la Basse-Côte-Nord. Dans le cadre d’une recherche menée il y a plus d’une décennie, on a exploré les causes de la stagnation de l’économie, particulièrement après des centaines d’études de faisabilité industrielles.
La réponse résidait en grande partie dans la pénurie de diplômés universitaires. Selon une recherche d’IMT menée par BioTalent Canada, de 70 % à 92 % des diplômés universitaires demeurent dans la région où ils ont fait leurs études. Cette statistique pose un défi aux collectivités éloignées qui ne comptent que quelques établissements d’enseignement postsecondaire7. C’est ce qui a poussé la Coasters Association à privilégier la création de possibilités pour que les jeunes reviennent chez eux, y fondent une famille et contribuent à leur collectivité.
Les jeunes des collectivités nordiques avaient tendance à croire que les métiers d’infirmier ou d’enseignant étaient les seuls choix professionnels qui s’offraient à eux dans leur région. La croissance d’une bioéconomie régionale change cette perception, en se fondant sur des ressources naturelles locales distinctives comme la ronce petit-mûrier, l’airelle vigne d’Ida, le concombre de mer et les algues.
Mme Buffitt indique qu’elle est résolue à ramener les jeunes dans leur région. « Je vais les appeler un par un. Je vais appeler les familles. Je commence quand ils sont à mi-chemin dans leur programme, avant qu’ils perdent leur attachement à la région ».
Étant donné qu’un billet d’avion à destination de la Basse-Côte-Nord en provenance du sud du Canada coûte environ 3 000 $, Mme Buffitt, indique qu’il faut au moins 15 000 $ pour que le retour au bercail en vaille la peine.
Quand elle a entendu parler des subventions salariales pour la jeunesse qu’offrait BioTalent Canada pour les emplois dans le secteur de la bioéconomie, elle a immédiatement présenté des demandes et a utilisé les fonds pour doter un éventail de postes. En plus de M. Fequet, elle a embauché un stagiaire en techniques de communication commerciales, un coordonnateur des activités en biodéveloppement, un agent de soutien à la recherche et d’autres. Tous occupent maintenant des postes permanents.
Grâce à la subvention salariale, Coasters a pu offrir des salaires qui permettaient aux candidats de retourner en Basse-Côte-Nord, une destination pour laquelle un billet d’avion coûte en moyenne 3 000 $.
Une porte ouverte sur l’expérience mondiale
La combinaison particulière de bioressources que l’on trouve en Basse-Côte-Nord a attiré certaines très grandes entreprises de produits nutraceutiques et cosmétiques dans la région. M. Fequet a d’ailleurs récemment préparé l’usine locale pour une vérification par l’une des marques de produits cosmétiques les plus réputées au monde.
La recherche menée afin de développer la bioéconomie a attiré l’attention d’experts provenant d’aussi loin que la Finlande et la Russie.
« Quand les gens pensent à la recherche dans le Nord, ils imaginent une personne en train de faire fondre de la glace », indique Mme Buffitt. « La réalité est beaucoup plus diversifiée et nous commençons à peine à prendre conscience de toutes les ressources que l’on trouve ici et des utilisations que nous pouvons en faire ».
Elle espère que la création d’un secteur de la bioéconomie prospère dans la région lancera un cycle où des investisseurs commerciaux sont attirés par le talent local, ce qui les encouragera à investir et à créer encore plus de possibilités pour les jeunes travailleurs.
Les répercussions qu’ont les jeunes dans la Basse-Côte-Nord vont bien au-delà du développement de l’industrie locale. Mme Buffitt indique qu’une collectivité a vu trois de ses jeunes revenir : en un an, ils étaient devenus membres du gouvernement local et avaient dirigé un projet visant à remplacer des puits désuets par un système moderne de filtration d’eau.
Mme Buffitt et M. Fequet s’entendent tous deux sur le fait que les subventions salariales en feraient encore plus pour les collectivités nordiques du Canada.
« Ici, il peut s’écouler beaucoup de temps avant que les projets ne se mettent en branle, d’obtenir les fournitures et de mettre l’équipement en place », indique M. Fequet.
« Plus on a de temps, plus on peut accomplir de choses. »
Financé en partie par la Stratégie emploi et compétences jeunesse du gouvernement du Canada.