Point de vue de l’industrie : Mediphage Bioceuticals
Recherche des compétences à mettre à l’échelle
Article initialement publié dans le rapport Gros plan sur la bioéconomie: rapport national de BioTalent Canada.
La plateforme de thérapie génique fabriquée au Canada de Mediphage Bioceuticals pourrait révolutionner les traitements médicaux. Toutefois, comme il est difficile d’obtenir des compétences en commercialisation au Canada, l’entreprise de Toronto envisage la possibilité de déménager certaines activités aux États-Unis.
Q : Quelle est la promesse unique de la plateforme de thérapie génique de Mediphage Bioceuticals?
ALVARO AMORROTU, PDG : La recherche sur laquelle nous nous appuyons nous permet d’offrir des thérapies d’ADN sans vecteur de virus. Cela permet d’administrer des traitements avec moins de risque de déclencher le système immunitaire des patients. Cela pourrait ouvrir de nouvelles possibilités de traitement par rapport à celles qui existent actuellement.
Q : De quoi avez-vous le plus besoin pour atteindre vos objectifs de croissance?
AA : De talent. Nous prévoyons d’embaucher six ou sept personnes au cours de la prochaine année. Selon les résultats obtenus en laboratoire, nous nous attendons à une croissance de 30 à 32 personnes au cours des deux prochaines années.
LEE BOWMAN, chef de l’exploitation : Le problème, c’est qu’il y a une pénurie mondiale. L’industrie de la biotechnologie est en plein essor et la thérapie génique est un domaine relativement nouveau. Les universités canadiennes produisent beaucoup de chercheurs compétents et de grande qualité, mais pas avec les compétences commerciales connexes dont nous aurons éventuellement besoin pour obtenir l’approbation réglementaire et commercialiser notre plateforme.
AA : Nous sommes également à la recherche d’ensembles de compétences spécialisées, comme l’élaboration de processus. Il existe au Canada quelques organisations de développement et de fabrication sous contrat (CDMO) auxquelles nous pouvons faire appel, mais leurs services sont coûteux. Le développement d’un processus de fabrication à l’interne serait moins coûteux, mais nous serions alors en concurrence avec les CDMO pour le recrutement des mêmes personnes.
Q : Où recherchez-vous des candidats actuellement?
LB : Nous recrutons beaucoup dans les universités canadiennes. La plupart de nos employés en R.-D. sont de récents diplômés, des étudiants en stage ou des employés de l’agence de placement de stages Mitacs. Pour les postes de direction, nous avons dû nous tourner vers l’étranger et faire appel à nos réseaux personnels. Par exemple, Alvaro est basé à Boston. Sur le plan opérationnel, nous envisageons actuellement la possibilité de déménager certaines de nos activités aux États-Unis. Il est difficile de diviser les gens entre différents endroits, et nous préférerions ne pas le faire. Mais il n’est pas impossible qu’un jour nous devions embaucher dix personnes de plus, et nous ne sommes pas certains si nous trouverons les talents nécessaires ici au Canada.
Q : Quelles ont été les répercussions de la COVID-19 sur vos activités?
LB : Les fermetures ont été difficiles pour tout le monde. Elles ont ralenti notre embauche et notre croissance et ont limité ce que nous pouvions faire dans nos installations, ce qui a retardé certains des résultats que nous recueillons. Mais d’une certaine façon, cela nous a aussi aidés. Nous avons décidé d’essayer de produire un vaccin contre la COVID-19 sur notre plateforme, ce qui nous a permis d’avoir accès à des fonds que nous ne pourrions pas avoir autrement. Les vaccins à base d’ADN sont désormais une application clé de notre plateforme, et les données provenant de ce projet continuent d’alimenter notre travail pour faire progresser d’autres applications et élargir notre portefeuille.
Q : Du point de vue des RH, comment aborderez-vous votre prochaine phase de croissance?
AA : Nous préférerions rester au Canada. Nous voulons aider l’écosystème à se développer davantage. Peut-être allons-nous ouvrir une succursale aux États-Unis pour l’élaboration de processus. Du point de vue clinique et de la réglementation, il serait également plus facile de recruter un médecin chef possédant les compétences, l’expérience et les réseaux appropriés. C’est le plus grand marché pour notre plateforme et nous aurons besoin de gens qui ont travaillé avec la FDA (Food and Drug Administration) pour mener des essais cliniques et diriger le processus d’approbation.
LB : Nous connaissons la passion et les gens de l’écosystème qui veulent le voir grandir. Nous ne voulons plus être témoins de ce qui s’est passé avec Providence Therapeutics, qui était en mesure de mettre au point un vaccin fabriqué au Canada contre la COVID, mais qui quitte maintenant le pays*. Ce serait dommage que cela se reproduise.
*Le fabricant de vaccins contre la COVID-19 Providence déclare qu’il quitte le Canada après que les demandes d’aide fédérale supplémentaires sont restées sans réponse (en anglais seulement), CBC News, 30 avril 2021.
Profil de l’entreprise : Mediphage Bioceuticals
Lieu : Toronto
Employés : 15
Sous-secteur de la bioéconomie : Biosanté
Mediphage Bioceuticals est une jeune entreprise dans le domaine de la biosanté qui a été fondée en 2016 en tant que société dérivée de l’Université de Waterloo. Sa plateforme de transmission d’ADN non virale permet une approche plus personnalisée et calibrée du traitement des maladies que ne le permet une méthode de transmission virale.