Pendant la pandémie de COVID-19, certaines entreprises de la bioéconomie canadienne ont mieux réussi que d’autres, malgré le fait qu’elles avaient des défis similaires à surmonter. Qu’est-ce qui explique cette différence dans les résultats? En partie, la capacité de résilience organisationnelle. Pour mieux comprendre cette situation, BioTalent Canada a réalisé une étude sur la résilience organisationnelle, les facteurs qui y contribuent et les mesures à prendre pour la développer au sein des entreprises.
Le présent document se base sur cette étude et explore les compétences qui peuvent aider les entreprises de la bioéconomie à développer leur capacité de résilience ainsi qu’à la maintenir.
Qu’est-ce que la résilience organisationnelle?
La résilience organisationnelle se définit comme la capacité d’une organisation à anticiper les perturbations internes et externes et leurs répercussions, à les absorber, à y réagir et à s’y adapter. En bref, c’est la capacité d’une organisation à surmonter l’adversité pour assurer sa pérennité.
Cette définition a été validée au cours d’entretiens avec des employeurs de la bioéconomie. Ces derniers ont suggéré trois caractéristiques principales d’une organisation résiliente :
- Elle est agile, flexible et adaptable en ce qui concerne ses opérations et ses processus internes.
- Ses employés sont engagés envers le leadership, à la fois formellement et informellement.
Elle favorise une culture d’autonomisation issue d’employés mobilisés qui sentent qu’on les écoute et qu’on tient compte de leurs besoins en périodes de changement.
Quelles compétences sont importantes pour développer la résilience d’une entreprise de la bioéconomie?
La résilience organisationnelle est associée à une foule de compétences dites « douces », « interfonctionnelles » ou « transférables » à divers paliers de l’organisation. L’adaptabilité, la flexibilité, l’attitude positive, la communication, la résolution de problèmes et la créativité figurent parmi les compétences les plus souvent mentionnées. La pensée ou l’analyse critique et la résolution de problèmes en particulier demeurent en forte demande constante depuis 2016[1]. À partir de 2020, probablement en raison des impacts de la pandémie, il y a eu une augmentation significative de la demande de compétences en matière d’autogestion, comme l’apprentissage actif, la résilience personnelle, la flexibilité et la tolérance au stress, ces compétences figurant parmi les dix principales compétences émergentes recherchées.
Les employeurs de la bioéconomie canadienne sont sensiblement à la recherche des mêmes compétences. Dans leurs réponses à l’étude de BioTalent, ils ont spécifié cinq compétences « très importantes » pour relever les défis et saisir les occasions que la pandémie a générées pour leur organisation. Ces compétences sont :
- l’adaptabilité (82 %)
- la communication (80 %)
- l’attitude positive (78 %)
- la résolution de problèmes (78 %)
- la collaboration (71 %)
D’après les résultats de l’étude, les entreprises de la bioéconomie qui ont relevé avec succès les défis posés par la pandémie ont systématiquement classé ces cinq compétences comme importantes. L’inverse est également vrai : celles qui ont avoué avoir moins de succès ont estimé ces compétences moins importantes. L’empathie, la conscience de soi et la créativité ou capacité d’innovation étaient également associées à une meilleure réussite. Ces résultats variaient très peu selon la taille de l’entreprise, le sous-secteur ou la région.
ÉTUDE DE CAS
Renforcer la résilience par la formation polyvalente
Une usine de biofabrication comptant une cinquantaine d’employés a constaté que la formation par rotation de postes (formation polyvalente) au sein des services contribuait fortement à sa résilience pendant la pandémie. C’était important, car les petites équipes étaient particulièrement vulnérables à la pénurie de main-d’œuvre et à l’absentéisme pour cause de maladie, de quarantaine ou de soins à prodiguer à un membre de sa famille.
Avant la pandémie, l’organisation avait déjà adopté un programme de formation polyvalente consistant à former les nouveaux employés non seulement à leur propre rôle, mais aussi à celui des autres membres de leur équipe. Les gestionnaires et les superviseurs sont suffisamment formés – et certifiés selon le cas – pour occuper n’importe quel poste de leur unité au besoin afin de maintenir la production. La mise en œuvre de la formation polyvalente requiert des compétences techniques importantes, soutenues par de solides compétences en matière de collaboration, d’adaptabilité et de communication, pour permettre aux employés de passer efficacement et rapidement d’un rôle à l’autre, selon les besoins. De plus, l’importance du travail d’équipe figure continuellement en tête de liste dans cette entreprise.
Comment les compétences en leadership contribuent-elles à la résilience organisationnelle dans la bioéconomie?
Un leadership fort qui favorise la cohésion et l’interdépendance des équipes est un autre élément essentiel d’une organisation résiliente[2]. La résilience est associée à des compétences en leadership comme l’esprit de décision, l’intégrité, la conscience de soi, l’autorégulation, l’agilité mentale, l’optimisme et les capacités relationnelles. Les employeurs de la bioéconomie interrogés ont souligné que ces compétences étaient étroitement liées à la résilience organisationnelle. Ils ont spécifiquement mentionné l’utilité des éléments suivants :
- L’empathie et la sensibilité, la compassion, l’intelligence émotionnelle, la capacité à établir des relations significatives et la capacité d’écoute.
- La connaissance de la situation, à plusieurs niveaux.
- La résolution de problèmes, la créativité dans les solutions et l’ouverture à d’autres idées.
- La collaboration et la capacité à s’engager activement avec diverses équipes.
- La capacité de communiquer d’une manière transparente, engageante, ouverte et claire.
- La flexibilité mentale, la souplesse et la résilience d’esprit, la pensée critique et la confiance en soi.
- La capacité de gérer et de planifier des projets et de gérer le changement.
- La gestion des conflits et la capacité à repousser de manière constructive en cas de désaccord avec des idées ou des personnes.
ÉTUDE DE CAS
Le leadership est essentiel pour développer le « muscle » de la résilience.
Une petite entreprise de recherche et développement sur les dispositifs médicaux comptant une quinzaine d’employés considère la résilience organisationnelle comme un « muscle » qu’on doit développer et faire travailler pour qu’il devienne plus fort. Pour cette entreprise, les compétences en leadership qui mettent l’accent sur la communication, la transparence et la résolution collaborative de problèmes ont été essentielles au développement de ce muscle de résilience.
Bien que ses dirigeants reconnaissent l’importance du leadership en lui-même, ils soulignent que son but ultime consiste à soutenir une équipe dynamique de personnes qui travaillent ensemble et utilisent leur créativité collective pour résoudre des problèmes. Cela exige que tous les membres de l’équipe possèdent de solides compétences interpersonnelles, comprennent comment rejeter des idées de manière appropriée et accueillent favorablement la diversité des points de vue. Par exemple, pour développer les compétences de ses employés en présentation et en communication, elle leur demande de présenter un sommaire des sujets importants à leurs collègues lorsqu’ils reviennent d’une formation ou d’une conférence.
Comment la vision d’un employeur peut-elle nuire au développement des compétences?
Les compétences nécessaires à la résilience organisationnelle peuvent être développées, mais certains employeurs de la bioéconomie continuent de croire qu’elles sont innées. Les milieux de travail où sont activement encouragés la curiosité, la prise de risques calculés, la formation et le développement professionnel des employés sont souvent ceux qui réussissent le mieux à attirer, à développer et à mobiliser les talents dotés des compétences dont ils ont besoin. Les dirigeants qui s’engagent dans le développement d’un état d’esprit axé sur l’apprentissage et la croissance chez les employés et qui en font la promotion perçoivent également leur organisation comme plus résiliente et mieux à même de relever et d’exploiter les défis.
Comment les employeurs de la bioéconomie peuvent-ils développer les compétences requises pour améliorer leur résilience?
Les employeurs de la bioéconomie disposent de diverses ressources pour les aider à développer les compétences de leurs équipes, dont un large éventail de cours.
BioTalent Canada offre les ressources suivantes :
- Cours sur les compétences essentielles fondamentales
- Introduction à la bioéconomie
- Compétences fondamentales en lecture
- Compétences fondamentales en écriture
- Compétences fondamentales en numératie
- Compétences fondamentales en utilisation de documents
- Compétences fondamentales en communication
- Compétences fondamentales en collaboration
- Compétences fondamentales en résolution de problèmes
- Gamme d’outils pour renforcer la résilience dans le milieu de travail
- Renforcer la résilience dans le milieu de travail : Adopter l’inclusion, la diversité, l’équité et l’accessibilité
- Renforcer la résilience dans le milieu de travail : Embaucher des professionnels formés à l’étranger
- Renforcer la résilience dans le milieu de travail : Comprendre les droits de la personne au Canada
Apprendre des autres
L’intégration des principes d’inclusion, de diversité, d’équité et d’accessibilité (IDÉA) dans l’exploitation et la culture d’une organisation joue également un rôle essentiel dans le renforcement de la résilience. Consultez les histoires percutantes ci-après pour découvrir comment d’autres organisations ont intégré les principes d’IDÉA dans leur entreprise et les avantages qu’elles en ont retirés.
- Shift Health : Un futur inclusif est un effort collectif qui commence chez soi
- Origin Materials : Instaurer l’inclusion dans les pratiques commerciales normales
- STEMCELL Technologies : Intégrer les principes d’IDÉA dans l’ADN d’une entreprise
Méthodes et sources
BioTalent Canada a récemment effectué des recherches sur la résilience organisationnelle dans la bioéconomie canadienne dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Dans le cadre de ce projet, elle a produit une série d’ouvrages, notamment des documents introductifs à certains des sujets clés en matière de résilience organisationnelle. Ces documents portent sur la façon dont certaines compétences peuvent aider à renforcer et à maintenir la résilience organisationnelle dans la bioéconomie. Ils ont été élaborés à partir des conclusions des travaux suivants :
- Un sondage auprès de 344 employeurs de la bioéconomie canadienne
- Des entrevues qualitatives approfondies avec 33 employeurs
- Une revue systématique de la littérature, des cours de formation, des outils et des mesures disponibles liés à la résilience organisationnelle
Financé par le Centre des Compétences futures du gouvernement du Canada.
[1] Forum économique mondial (octobre 2020). Rapport 2020 sur l’avenir de l’emploi.
[2] Southwick, Martini, Charney & Southwick. (2017). Leadership and Resilience. DOI : 10.1007/978-3-319-31036-7_18.